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27E RAPPORT SUR L'ETAT DU MAL-LOGEMENT EN FRANCE DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE

Depuis 1996, la Fondation Abbé Pierre publie chaque année un rapport sur l’état du mal-logement en France. La 27e édition, que nous vous présentons, tire à nouveau la sonnette d’alarme : aujourd’hui, ce sont 4,1 millions de personnes mal-logées recensées en France.


Quelques chiffres sur la crise du logement en France


1 068 000 personnes sont privées de logement.

Ce chiffre recoupe plusieurs réalités distinctes :

  • 300 000 personnes sont sans-domicile

  • 25 000 personnes résident en chambre d’hôtel sociale

  • 100 000 se trouvent dans des habitations de fortune

  • 643 000 personnes sont hébergées chez un tiers


2,8 millions de personnes vivent dans des conditions très difficiles.

Beaucoup sont privées de confort et sont confrontées à une façade dégradée, l’absence de douche, d’eau courante, de WC intérieurs, de cuisine ou encore de chauffage. De plus, on compte 934 000 personnes habitant dans des logements surpeuplés, 208 000 gens du voyage vivant dans de mauvaises conditions et 31 000 résidents dans des foyers, de travailleurs migrants, non traités.


“Le logement, parent pauvre du quinquennat” (2017 - 2022)


Le 27 juillet 2017, à l’occasion du discours à la préfecture du Loiret, Emmanuel Macron déclarait : “la première des batailles c’est de loger dignement. Avant la fin de l’année, je ne veux plus de femmes et d’hommes dans les rues.”. Pourtant, aujourd’hui 300 000 personnes vivent encore dans la rue en France.


Durant le quinquennat, plusieurs mesures en faveur du logement ont été mises en place : 40 000 places d’intermédiation locative, 10 000 places de pensions de famille et 40 000 logements très sociaux PLAI (prêt locatif aidé d’intégration) par année ont été créés. Les attributions d’HLM aux ménages sans-domicile ont également augmenté. Cependant, la Fondation Abbé Pierre constate une carence de construction de logements sociaux. La production HLM a notamment diminué, passant de 105 000 habituellement à 87 000 en 2020, alors que 2 millions de Français étaient candidats aux logements sociaux cette année-là. Par ailleurs, certains maires demeurent hostiles aux logements sociaux, et ne respectant pas la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) qui exige, aux communes de plus de 15 000 habitants, la construction d’au moins 25 % de logements sociaux.


Des inégalités qui se creusent…


Certaines mesures prises ont creusé les inégalités, comme la baisse de 5 euros de l’aide personnalisée au logement (APL). Une baisse qui représente 15 milliards d’euros retirés aux ménages modestes. Si, de prime abord, elle ne semble pas constituer une grosse somme, celle-ci intervient dans un contexte d’augmentation de 56 % des loyers en 10 ans, impactant le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes.


Par ailleurs, la Fondation Abbé Pierre pointe du doigt la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et de la taxe d’habitation comme présentant un caractère anti-redistributif. Les tentatives de rééquilibrage ponctuelles (aides de 100 € distribuées aux ménages moyens et modestes, hausse du chèque énergie pour payer la facture d’eau et d’électricité des ménages modestes) n’ont pas changé la tendance : les inégalités continuent à se renforcer.


Une situation aggravée par la Covid-19


La crise sanitaire a fait apparaître de “nouveaux pauvres” en 2020 et cette tendance s'est continuée en 2021.

L’Insee estime que 10 % de la population, dont 1⁄3 de jeunes, a eu besoin d’aide alimentaire durant la crise. Dans ce cadre, la Fondation Abbé Pierre affirme connaître une hausse de ses demandes de 10 % et les Restos du Cœur évoquent notamment une augmentation de 40% d’inscrits en Seine-Saint-Denis. La précarisation de la situation des jeunes est également mise en avant : les demandes d’aide du CROUS ont en effet augmenté de 39 % alors que 36% des jeunes (étudiants) ont perdu leur emploi.


Un système d’accès au logement inadapté


La Fondation Abbé Pierre dénonce un système français d’accès au logement inadapté, dit “en escalier”. La personne sans-abri est d’abord placée dans des hébergements d’urgence le temps d’une nuit, puis dans un hébergement dit pérenne (notamment en hôtel) avant d’accéder finalement à un logement (c’est-à-dire un lieu d’habitation où on a la sécurité de pouvoir y rester). Cette sécurité étant nécessaire pour la recherche d’un emploi, s’installe alors un véritable cercle vicieux puisque l’obstacle à l’attribution d'un logement est justement l’absence d'emploi. Selon la Fondation Abbé Pierre, notre système actuel demande aux individus de travailler sans avoir de lieu pour se loger et se laver, ce qui est rendu impossible par les normes d’intégration sociale. Au contraire, le logement devrait être la condition première à la réinsertion.


Le “logement d’abord”, une solution finlandaise qui fonctionne


Le logement d’abord ou “housing first” est un programme consistant à mettre à disposition aux personnes sans-abri des logements décents sans condition préalable (sans probation, sans examen de capacité à habiter…). Testé aux Etats-Unis et ayant fait ses preuves en Finlande, celui-ci priorise le logement pour permettre la réinsertion dans la société.

La Fondation Abbé Pierre estime que ce projet, permettant de loger les personnes vivant à la rue, est applicable en France mais nécessite une réelle volonté politique et des financements en conséquence. Cette solution finlandaise coûterait moins chère que le système français actuel puisque l’hébergement d’une famille dans une chambre d’hôtel social coûte aujourd’hui 2 380 € aux collectivités françaises.


Vingt-trois collectivités territoriales ont voulu donner une chance à la politique de “logement d’abord” sur leur territoire : c’est le cas de Grenoble ou encore de la Seine-Saint-Denis où 260 logements ont été attribués.


Quels défis pour l’action publique ?


Face à cette crise du logement, de nombreuses solutions sont proposées par la Fondation Abbé Pierre :

  • L’instauration de la politique du “logement d’abord” afin d’atteindre l’objectif de zéro personnes sans-abri.

  • La production de 150 000 logements très sociaux

  • L’encadrement des marchés immobiliers afin de baisser les prix

  • L’éradication des passoirs thermiques (appartements ou maisons très mal isolés) durant une période de 10 ans

  • La création d’une agence nationale des travaux d’office (notamment pour la rénovation des logements insalubres)

  • La mise en place d’une politique de redistribution : par la création d’un revenu minimum garanti permettant d’éradiquer la grande pauvreté, la revalorisation des barèmes de l’APL, le prélèvement d’une partie de l’immobilier de luxe et des héritages des plus aisés (Pacte du Pouvoir de Vivre)


Retrouvez l'intégralité du 27e édition du rapport sur l’état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre : https://www.fondation-abbe-pierre.fr/actualites/27e-rapport-sur-letat-du-mal-logement-en-france-2022




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