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Conférence « Sans-abrisme et crise du logement : état des lieux »

Pour la première conférence de son cycle annuel, l’association Une Couverture pour l’Hiver a eu l’honneur d’accueillir Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, pour aborder la thématique du sans-abrisme et de la crise du logement en France accentuée par la crise sanitaire actuelle.



Des chiffres alarmants


Cette crise contribue de façon certaine à l’augmentation de la précarité en France. Même si celle-ci est difficile à quantifier, des indicateurs fiables nous alarment sur son évolution. Ainsi, nous avons pu observer ces derniers mois une augmentation de 25 % des ménages en demande d’aide alimentaire et une augmentation de 9 % du nombre de demandes de RSA en août 2020 par rapport à août 2019. Selon les estimations, 900 000 chômeurs de plus sont attendus en 2021.



Une précarité grandissante...


Deux pans de la population s’en trouvent fortement impactés. D’une part, les personnes qui étaient déjà dans une situation préoccupante avant la crise sanitaire. Et d’autre part, les personnes qui étaient auparavant en situation de fragilité et se voient privées de certaines ressources basculant ainsi dans une situation de précarité.



Face à une offre de travail de plus en plus rare


L’effet domino se met en place : les offres de travail diminuent et la concurrence pour accéder à ces offres augmente engendrant encore moins de perspectives de sortie pour les plus démunis et creusant les inégalités.

A cela s’ajoute l’inquiétude et la peur du lendemain dans un contexte de tension permanente.



Un des objectifs de la fondation Abbé Pierre : contrer les faiblesses actuelles du système de protection français


Face à cette situation, le collectif Alerte dont fait partie la Fondation Abbé Pierre a rencontré le Premier ministre le 2 octobre dernier pour discuter et proposer des mesures pour enrayer la pauvreté grandissante. Malgré les efforts réalisés par le gouvernement lors du premier confinement, les mesures restent cependant très ponctuelles et insuffisantes.

De nombreux acteurs de la solidarité comme la Fondation Abbé Pierre déplorent le refus du gouvernement d’étendre l'éligibilité du RSA (Revenu de Solidarité Active) au moins de 25 ans. Cette décision prise avant même l’annonce de l’acte II du plan pauvreté, le samedi 17 octobre, reflète la dimension idéologique selon laquelle prendre de telles mesures reviendrait à pousser les jeunes adultes dans une logique d’assistanat. Cette idée, combattue par la Fondation Abbé Pierre, est régulièrement confrontée à des jeunes en situation de détresse, ayant perdu leur emploi ou en situation de ruptures familiales et qui se retrouvent sans aucune ressource du jour au lendemain.


L’une des raisons expliquant aussi parfois ce manque d’initiatives des pouvoirs publics pour améliorer les mesures d’aide et de protection est le fait que beaucoup considèrent que le système français d’aide et de protection est l’un des plus puissants au monde et que l’améliorer n’est pas une priorité.


Néanmoins, ce système au premier abord très performant possède des failles et est confronté aux dérives observées dans le marché de l’emploi ou dans les conditions de travail. C’est notamment le cas du phénomène du travailleur pauvre, qui va exercer une activité professionnelle mais dont les revenus ne lui permettent pas de se loger correctement. De même façon, il est important d'observer la réalité vécue par les ménages : si le pouvoir d’achat augmente mais que les dépenses liées au logement aussi, cela ne constitue pas une grande avancée pour les ménages. Le taux de pauvreté est donc un indicateur permettant de suivre l’évolution dans le temps mais n’est pas très représentatif de la situation.



Un état des lieux nécessaire aux mesures correctives


Une prise de conscience collective est donc primordiale pour déconstruire ces idées reçues. Cette prise de conscience doit aussi s’appuyer de connaissances, nécessaires pour mesurer l’évolution du phénomène et pouvoir y répondre. Hors, sur le sujet du sans-abrisme l’INSEE n’a mené que 2 enquêtes, en 2001 et en 2012. Depuis aucune actualisation n’a été faite ce qui traduit d’autant plus le désintérêt à ce sujet.


Pour pallier ce déficit d’actualisation statistique, la Fondation Abbé Pierre produit chaque année le rapport annuel sur l’état du mal-logement et constate une intensification des besoins et des fragilités de la population à travers les témoignages et les enquêtes de terrain.

Il est d’autant plus nécessaire de réaliser ce genre d’étude concernant les personnes sans-abri. Étudier leur parcours de vie, les ruptures dans leur vie qui les ont menées à la rue permet ainsi d’y voir plus clair dans les mesures à adopter pour combattre le sans-abrisme.



Le rôle indispensable des pouvoirs publics et des citoyens


En effet, la prise de conscience collective, la connaissance et l’action des associations de solidarité ne peut suffire à enrayer la vie à la rue. La réponse durable ne peut être qu’une réponse politique et institutionnelle.


Selon Christophe Robert, il est tout à fait possible d’atteindre l’objectif “zéro sans-abri” - promesse de campagne du Président de la République - en cinq à dix années. En s’appuyant sur les enquêtes de terrain, on constate des parcours-types comme d’anciens enfants placés sous l’Aide Sociale à l’Enfance, des adultes sortant d’hôpitaux psychiatriques ou de prison. Il s’agirait donc de mettre en place en amont, une politique d’accompagnement et d’aide, pour limiter les ruptures dans la vie de ces personnes et proposer en aval, des offres d’hébergement d’urgence. Parallèlement, ces politiques de doivent d’être cohérentes et se traduire par la mise en place des politiques de logements durables, comme la politique logement d’abord qui place le logement en tant que levier de la réinsertion ou encore des politiques visant à encourager la construction de logements sociaux sur l’ensemble du territoire.


Enfin, chaque citoyen peut se mobiliser à son échelle. Que ce soit dans la lutte contre l’exclusion en apportant un regard, du soutien matériel ou moral mais aussi dans l’interpellation collective des pouvoirs publics.



Retrouvez en intégralité la conférence filmée sur Youtube : https://youtu.be/WC-1xjlwkZA

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