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LILLE, COMMENT LES PERSONNES SANS-ABRI ONT-ELLES FAIT FACE À LA CANICULE ?



 

La semaine dernière, les fortes chaleurs ont particulièrement touché les personnes fragiles. Par "personnes fragiles", on pense généralement aux personnes âgées ou aux nouveaux-nés, mais moins aux sans-abri. Ils sont pourtant très vulnérables, comme le souligne le président du Samu social de l’Oise : "En vérité, il y a autant, voire plus de décès en été."


"Ce sont les soldes, même pour nous !"



Devoir choisir entre sa santé et se nourrir ?


Faire la manche en pleine chaleur ou préserver sa santé, c’est le dilemme auquel ont été confrontées un bon nombre de personnes SDF. La manche étant souvent leur seul revenu, Carlos, par exemple, n’a pas mangé à sa faim pendant cette période. "Je faisais la manche jusqu’à midi uniquement, la santé d’abord !".

Cody, 39 ans, à la rue "depuis toujours", est couvert de coups de soleil. Avec ses bras et son visage brûlés, on comprend qu’il a préféré mettre sa santé entre parenthèses pour se nourrir.

Pourtant, mettre sa santé en danger pendant les fortes chaleur n’est pas forcément synonyme de gros butin. Willy, à la rue depuis 5 ans, a continué de faire la manche pendant la canicule, mais les passants n’ont pas été plus solidaires que d’ordinaire. Au contraire, il a récolté moins d’argent que d’habitude. "Ce sont les soldes, même pour nous !".



 

Un accès à l’eau compliqué


En cette période de chaleur, rester hydraté est primordial pour tous. Carlos a réussi à se débrouiller en demandant de l’eau dans des cafés ou en se faisant offrir des bouteilles par les passants. "Avoir accès à l’eau devient plus compliqué le soir, quand les cafés sont fermés et qu’il n’y a plus personne dans la rue, à part les SDF", déplore-t- il.

Il regrette aussi que l’accès à l’eau n’ait pas été facilité par la mairie, que ce soit par l’absence d’eau en ce moment dans les grandes fontaines comme celle de la Place de la République, ou par un manque d’informations sur la localisation des seize points d’eau éparpillés dans Lille.



 

Une inaction de la mairie ?

"Avec un chien, on ne peut pas se réfugier dans les magasins, les gares ou les transports"

Pour Carlos, la mairie aurait manqué à son devoir. Mais ce n’est pas l’avis de tous. Ludovic, la quarantaine, trouve que la mairie en a fait assez. Plusieurs fois dans la semaine, "des personnes habillées en bleu distribuaient des bouteilles d’eau dans la rue à toutes les personnes vulnérables, dont nous.". Il a même pu faire une petite réserve en prévision ! Willy, ami avec Ludovic, et SDF depuis 4 ans, ajoute cependant qu’il aurait aimé avoir à sa disposition un accueil de jour dans un bâtiment climatisé acceptant les animaux. Effectivement, "avec un chien, on ne peut pas se réfugier dans les magasins, les gares ou les transports".



 

Les associations mobilisées


Ludovic, Willy mais aussi Carlos insistent sur le travail des associations pendant cette période, qui ont continué (voire multiplié) leurs maraudes et distributions d’eau.

Plusieurs associations ont parcouru les rues de Lille comme "Le collectif des SDF de Lille". Elle a d’ailleurs organisé une distribution d’eau dans le parc J- B Lebas de Lille le mercredi. "Abej Solidarité" a, quant à elle, gardé ses centres d’hébergement ouverts : "Nos accueils de jour ne désemplissent pas à une période où les structures (...) ferment une à une." Elle a aussi "favorisé l’accès à l’eau et aux salles où la température est maintenue à des niveaux raisonnables".

Enfin, on y pense moins, mais le manque d’hygiène est aussi plus difficile à supporter lorsqu’il fait chaud. La "navette qui passe tous les lundis" a apporté à un couple, à la rue depuis 4 ans, des produits de première nécessité. Néanmoins, "ne pas prendre de douche après une journée assis par terre sous 35°, c’est terrible".



Par Marine ALLAIN

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